Gilgit - Khunjerab: La vallee de Hunza, 200km du 23/04 au 01/05
Nous voici enfin de retour d'islamabad pour un peu d'action! Nous sommes d'autant plus impatient de reprendre les velos que cette derniere partie de la route est reputée comme la plus jolie et les habitants de la vallée tres accueillants. Nous ne sommes pas décus, les paysages sont en effet un mélange de vert des cultures, de l'ocre des montagnes, du blanc des sommets alors quand le bleu du ciel s'y ajoute c'est parfait. Nous sommes toujours étonnes de voir autant de verdure autour des villages, alors que les flancs des montagnes paraissent si arides et austeres. De nombreux vergers tapissent le fond de la vallee, et nous pestons d'etre trop tot dans la saison pour pouvoir nous regaler d'abricots et de cerises. Ici la nourriture est différente du reste du Pakistan, moins huileuse, moins épicée, plus proche de la cuisine occidentale et plus variée. Nous avons ainsi l'occasion de tester les Burushapik - des chapati (pains sans levain) fourres au fromage qui ressemble a un cousin du boursin mais sans les ail et fines herbes - et les Chapshuro - une sorte tourte a la viande, oignons et tomates - sans compter le miel local, les abricots secs, les gateaux aux noix... Un vrai circuit gastronomique, et ca fait plaisir!
Cette année, l'évenement de la vallée, c'est ce terrible éboulement qui coupa les habitants du reste du monde et qui aujourd'hui encore entrave la circulation. Jusqu'au 1er Mai, la route vers la Chine est fermée et la vallée n'est alors reliée qu'au sud par la KKH mais depuis le mois de Janvier, un glissement de terrain gigantesque bloque la route obligeant les habitants a vivre presque en autarcie. Des agriculteurs nous disent ainsi avoir changer leur cultures cette année pour etre auto-suffisant. Alimenté par la riviere Hunza, un lac s'est formé et grandit petit a petit, atteignant quand nous l'avons traversé 13 km de long... Des navettes de bateaux ont été organisés avec les moyens du bord : un gros generateur posé dans une barque auquel on a fixé une hélice et le chauffeur de bus devient capitaine de frégate!
Si pour nous ce lac n'est qu'une péripétie de plus, outre la tragedie humaine (des gens ont perdus la vie pendant l'éboulement et des villages sont sous les eaux), l'économie de la vallée est aussi en péril : plus de commerce et plus de tourisme. Lors d'une balade, nous croisons ainsi un groupe de guides de montagnes pakistanais qui se désole du peu de touristes venant dans la region depuis le 11 septembre et de la mauvaise saison qui s'annonce encore. C'est dommage car pour les amoureux de treks qui veulent sortir des sentiers battus du Nepal et du Ladak, la region offre des persectives a foison. Avis aux amateurs!
Au fur et a mesure que nous remontons la vallée, nous traversons les anciens royaumes de Nagar, de Hunza et du Gojal. Pendant longtemps ces régions sont restées inaccessibles aux occidentaux (britanniques et sovietiques) qui tentaient de s'en emparer. Maintenant la zone est disputée entre l'Inde et le Pakisatn et le statut des habitants est peu clair: bien qu'administrés par le gouvernement pakistanais, ceux-ci n'ont pas le droit de vote par exemple et ne paye pas d'impot non plus, des non-citoyens qui se sentent souvent oubliés par les classes dirigeantes. Il faut dire que les habitants ne se sentent pas forcément tres proches de leurs compatriotes du sud, les langues changent avec les km, apres le Shinna pres de Gilgit, on parle Burushaki a Karimabad puis Wakhi dans le nord-nord. Pour etre franc nous ne maitrisons pas parfaitement toutes ces langues, certaines subtilités nous echappent encore. En fait comme on nous avait dit que l'Hindi ressemble au nepalais et que l'Ourdou c'est proche de l'Hindi, nous parlons toujours nepalais.. Personne ne comprend mais on a l'impression de faire un effort.
Non, au Pakistan beaucoup de monde parle quelques mots d'anglais et on se debrouille assez facilement.
Les wakhi sont d'origines Tadjik et viennent de par dela le corridor de Wakhan, les physionomies et les habitudes de vies changent aussi. Un fait marquant: le thé, la boisson par excellence, qui tient toute la place dans l'hospitalité, les négociations, les discussions, les repas etc.. Et bien tandis que dans le reste du Pakistan on le boit sucré, voir tres sucré au Punjab, ici on le boit salé, comme au Tibet ou en Mongolie...
Comme nous avons encore quelques jours avant la le 1er Mai (date, si importante pour nous, de l'ouverture de la frontiere avec la Chine) nous pouvons faire de petites étapes et bien profiter de nos journées pour des petites balades dans les villages. Nous arrivons meme a Sost, le dernier village, queques jours avant au cas ou la frontiere ouvrirait plus tot, vu le flou qui entoure toutes les informations concernant cette frontiere on ne sait jamais, mais non.. Dans ce village on retrouve Steve et Heidi, un couple de belges croisé auparavant et qui voyagent aussi a vélo et qui comme nous attendent le premier bus pour la Chine.
Comme nous avons 2 jours de rab, nous en profitons pour aller faire quelques balades dans les vallées et villages des alentours. Le grande majorité des habitants de la vallée d'Hunza sont Ismaélis, une branche de l'Islam tres modérée. Cela implique de grands changements dans la société: les femmes ne sont pas forcément voilées, certaines nous parlent meme! Quelle bonne surprise. Dans les petites poches shiites de la vallee, il convient de prevenir le touriste: ici on ne photographie pas les femmes (de toute facon elles se cachent quand elles nous voient). Le chef religieux des Ismaelis, l'Aga Khan, fait beaucoup pour ses fideles, notamment en matiere d'éducation et de soin. Ainsi, meme dans les petits villages on trouve toujours une ecole et un dispensaire, une fois meme un " centre d'apprentissage de l'informatique"... Du coup, beaucoup d'enfant parlent anglais, garcons ET filles, car l'education est ici pour tout le monde. Apres les travaux des champs étant ce qu'ils sont, il n'est pas rare de voir des enfants dans les cultures ou mener les moutons.
Le trajet en bus pour la Chine est un veritable sketch. La veille du depart, personne ne peut nous dire ou acheter les tickets: les guichets sont toujous fermes.. Nous apprendrons qu'en fait le bus d'une des 2 compagnies est toujours cassé et le chauffeur de l'autre compagnie n'a pas son laisser-passer pour rentrer en Chine! Bien, organisation pakistanaise donc. Finalement nous ne partirons donc pas le 1er Mai, nous profterons de la journee pour harceler au telephone je ne sais quels responsables pour leur dire que tout de meme 5 mois pour preparer un laisser-passer c'est deja pas-mal, et aussi reparer un peu les vélos, qui prennent rapidement de l'age. Heureusement il y a aussi quelques joyeux pachtouns pour jouer un peu de musique et un sympathique boui-boui pour avaler assiettes de riz et tasses de tchai.
Finalement, le 1er au soir, hourra, le laisser-passer arrive. Le lendemain, c'est re-le sketch avec l'immigration, les douanes, l'arnachage des velos sur le bus mais finalement on part et on a meme pas 2h de retard. Au passage du col du Khunjerab, on arrive inextremis a s'embourber dans la neige, sinon ce ne serait pas drole - et apres 1h30 d'effort plus ou moins collectif a jeter des cailloux sous les roues et casser la glace on rentre enfin en Chine. Le voyage est loin d'etre fini mais au moins on a changé de pays!
Au final, nous avons passé plus de 7 semaines au Pakistan et avons vraiment apprecié ce pays. Nous etions prévenus de la gentillesse des gens et n'avons pas été décus. De plus la diversité des paysages et des populations en fait un pays tres riche et tres interessant. Apres plus de 5 mois au sud de l'Himalaya, il est temps de repasser de l'autre coté pour continuer la route!
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jojo from Chamonix (mercredi, 12 mai 2010 13:31)
Salut les loups,
Bonne route au pays du Mustagh Ata, et milles merci pour ce partage sur le Pakistan;
Tchello China !
Michel (mercredi, 12 mai 2010 13:32)
Gilgit Hunza... en Aout 1974 il nous a fallu 6 jours pour rejoindre à pied Hunza depuis Gilgit en empruntant le sentier piste à mi hauteur sur la rive droite. la route KKH était en construction par les Chinois qui interdisaient l'accès à la vallée. On a fait comme si on n'avait pas compris et on est parti sur le sentier. l'accueil était chaleureux, nuits sur les toits des maisons avec les galettes au miel et les abricors séchés ou pas puisque c'était en été. Quels souvenirs innoubliables, le contournement du Rakapuchi et l'arrivée au village de l'Agha Khan ... d'après les photos ca n'a pas trop changé...
Bonne continuation.
Michel
kametju (mercredi, 12 mai 2010 21:47)
bahbahbah !!! popopo comme c'est beau et comme j'ai les boules de ne pas y avoir été !
Merci les gars, je vais faire essayer de faire lire ça a plein de gens pour changer un peu les regards...A defaut de ne pas pouvoir raconter mes propres anecdotes...Vraiment a charge de revanche le Pakistan !
Je peux continuer la lecture, mais ne pouvais rester sans faire un petit commentaire !
Myriam (mardi, 18 mai 2010 23:26)
Les photos sont encore plus superbes que d'habitude. Merci encore pour tous les commentaires culturels et petites anecdotes :)
Petite nouvelle qui a sont importance ici: je demenage a Barcelone le 15 juin :)
Bisous
Best Juicer (jeudi, 18 avril 2013 16:43)
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